Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/262

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Pendant qu’on se battait ainsi dans la cour et sur les remparts, le châtelain, messire de Saint-Pol, avait fait seller en toute hâte quelques chevaux Aussitôt qu’on lui annonça qu’il n’y avait plus d’espoir, et que la plupart des soldats étaient tués, il fit ouvrir la petite porte de secours. Alors on entraîna avec violence une dame qui pleurait, et lorsqu’on l’eût placée entre les bras d’un soldat sur un des chevaux, ces cavaliers passèrent le fossé à la nage et disparurent entre les arbres de la forêt.

Il était impossible aux Français de résister à l’attaque des bouchers ; ces derniers étaient, d’ailleurs, en plus grand nombre que leurs ennemis. Aussi, une heure plus tard n’y eut-il plus dans Male un seul homme vivant, sinon ceux qui étaient nés sur le territoire flamand. On chercha, pendant plus de deux heures, avec des flambeaux dans les chambres et dans les caves du château ; cependant on ne trouva plus d’ennemis, car ceux qui avaient échappé au massacre s’étaient enfuis par la porte de secours. Après que Breydel se fût fait montrer exactement, par un domestique, toutes les places du château, il crut, avec raison, que la comtesse Mathilde avait été emmenée. Il se livra alors à toute sa fureur, et mit le feu aux quatre coins du château seigneurial. Pendant que les flammes s’élevaient vers le ciel, et que déjà de grands murs se renversaient avec un terrible craquement, les bouchers abattirent tout ce qui pouvait être anéanti, arbres et ponts, jusqu’à ce