Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/264

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que tous sur les murs des remparts[1]. En entrant dans le château, par les remparts renversés, les Français ne trouvèrent que des cadavres ; et comme ils ne pouvaient pas faire tomber leur colère sur des ennemis, ils brûlèrent le château, renversèrent les murs et remplirent les fossés de cendres.

Les restes de Nieuwenhove étaient situés à deux lieues de Bruges, dans la direction de Courtray, au milieu d’une épaisse forêt, et loin des demeures des gens du pays ; il était très-rare que le pas d’un homme foulât ce tas de ruines ; les croassements continuels des oiseaux de nuit avaient fait croire aux villageois superstitieux que les âmes des Flamands tués y demandaient vengeance et délivrance.

Quoique l’incendie eût atteint tout le château, il n’était cependant pas tellement anéanti, que les murs ne montrassent plus aux yeux sa forme première ; le bâtiment existait encore, mais avec une infinité de crevasses. Les toitures étaient tombées à côté des murs qui les soutenaient, et des fenêtres sans carreaux il ne restait plus que les châssis de pierre. Tout portait la marque d’une destruction précipitée,

  1. … L’été de l’année 1296, vers la Saint-Jean, le roi Philippe vint en Flandre avec 20,000 hommes, prit Douai, et assiégea Lille… Là on se battit fort, le comte de Blois et tous ceux de Guise, qui avait assisté à la première bataille, y restèrent morts ; de ces Français, il resta 4,000 Wallons ; toute la Flandre occidentale était perdue. Les Français pillèrent Lille, Ypres, Courtray et Roulers, et brûlèrent des églises, des couvents, des villages, des hôpitaux. (L’Excellente chronique.)