Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/274

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tendit avec un soin paternel sur le lit improvisé et roula un morceau de tapis sous sa tête. Pour s’assurer qu’elle n’était pas blessée, il examina attentivement ses vêtements et découvrit avec joie que le sang ne tachait que sa mante, et que son cœur battait encore. Le respect qu’il sentait pour cette femme ne lui permit pas de pousser plus loin son examen ; après lui avoir essuyé la bouche et les yeux, il quitta les ruines et retourna sur le chemin, où se trouvaient les cadavres de ses ennemis ; il prit le casque d’un des Français et le remplit d’eau au ruisseau qui coulait près du champ de bataille ; alors il prit son cheval par la bride, et le ramena dans un coin du château. Revenu près de la jeune fille, il déchira un morceau du pourpoint qu’il portait sous sa cuirasse, et s’en servit pour laver la figure de la jeune fille. Quoique le grand jour fût proche, il faisait encore assez obscur sous la voûte de cette salle, car le chevalier ne pouvait voir s’il avait enlevé complétement la boue qui couvrait les joues de la jeune fille. Il lui lava la tête, le cou et les mains, et la couvrit d’un grand morceau de tapis, qu’il arracha de la muraille, pour la préserver du froid.

Alors, convaincu que la jeune fille était vivante, il laissa au repos et à la nature le soin de la fortifier et retourna près de son cheval ; il nettoya son armure avec de hautes herbes qui croissaient dans la cour afin de faire disparaître autant que possible les traces sanglantes de la lutte. Ce travail lui demanda