Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/276

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À ces paroles, deux ruisseaux de larmes jaillirent des yeux du chevalier ; il arracha le casque de sa tête, et alors on put voir briller les pleurs sur ses deux joues.

— Ô ma bien-aimée Mathilde, s’écria-t-il, reconnais-moi ! je suis Robert, ton père, que tu aimes, qui a tant pleuré pour toi dans sa captivité. Ciel ! tu me repousses de ton cœur…

Un sourire de haine contracta les traits de la jeune fille, et elle reprit :

— Maintenant vous tremblez, ravisseur déloyal, maintenant votre cœur s’oppresse de la crainte des scélérats. Mais il n’y a pas de pitié pour vous. Le Lion, mon père, me vengera, et vous n’aurez pas insulté impunément le sang du comte de Flandre… Silence ! j’entends le rugissement du Lion… mon père approche. Tenez, la terre tremble sous ses pas. Pour moi, un baiser avant que je meure, ô joie !

Chaque parole entrait comme une flèche empoisonnée dans le cœur du chevalier. Toutes les tortures de l’enfer oppressèrent son cœur : des larmes brûlantes couraient dans les rides profondes de ses joues, et il se frappa la poitrine avec désespoir.

— Ô reconnais-moi, ma pauvre enfant ! cria-t-il, ne me fais point mourir ; ne ris pas si amèrement : tes regards me jettent la mort dans le cœur. Je suis ce Lion que tu aimes, ce père que tu appelles.

— Vous, le Lion ? répondit Mathilde avec mépris,