Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/284

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— Soyez tranquilles et courageux, mes compagnons ! Que personne ne quitte son rang ! et n’avancez pas trop précipitamment, pour que le désordre ne se mette pas parmi nous. En avant le troisième bataillon ! Fermez les rangs ! Capitaine Lindens, rompez votre aile gauche !

— Mais qu’est-ce que cela signifie ? s’écria Breydel, lorsqu’il fut près de de Coninck, vous vous amusez à de jolis exercices ! Souffrirez-vous qu’on brûle votre ville ? et suivrez-vous comme des lâches vos enfants ? Pauvres poltrons que vous êtes !

— Toujours fougueux, toujours agité, répondit de Coninck. Que parlez-vous maintenant de brûler ? Soyez sûr que les Français ne brûleront rien.

— Mais, maître Pierre, êtes-vous aveugle ? Ne voyez-vous pas les flammes s’élever au-dessus de nos murs ?

— Eh bien, c’est de la paille que nous avons allumée pour faire passer, sans difficulté, nos bagages par la porte. La ville n’a aucun dommage, mon ami. Revenez avec moi jusqu’à Sainte-Croix, j’ai des secrets importants à vous confier : maintenant le temps est venu, vous savez que je juge les affaires de sang-froid, et que, à cause de cela, j’ai raison le plus souvent ; satisfaites à mon désir, et rangez vos bouchers en ordre. Voulez-vous ?

— Il le faut bien, puisque je ne sais rien de ce qui se passe. Arrêtez vos tisserands un moment.

De Coninck ordonna aux chefs d’arrêter, un instant