Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/293

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pour l’amour de Dieu, assez ! C’est une vengeance déloyale !

— Laissez-moi faire, répondit Breydel, vous ne savez pas que ce sont les soldats qui m’ont frappé au visage ; mais, qu’entends-je ? Écoutez ! N’entendez-vous pas là-bas, dans les ruines de Nieuwenhove, un bruit qui ressemble aux plaintes d’une femme ! Oh ! quelle pensée ! Ils ont emporté ici la jeune comtesse Mathilde… Il sauta à bas de son cheval, sans l’attacher, et courut à toutes jambes vers les ruines. Son ami le suivit, mais Breydel était déjà dans la cour du château, avant que de Coninck fût descendu de cheval : il mit encore quelques instants à attacher les chevaux sur la route. Plus Breydel avançait dans les ruines, mieux il entendait les plaintes de la jeune fille ; ne sachant pas trouver assez vite l’entrée de la place où elle se trouvait, il sauta sur un tas de pierres et regarda par la fenêtre de la salle. Il reconnut Mathilde au premier coup d’œil ; mais le chevalier noir qui voulait l’embrasser, et contre lequel elle se défendait désespérement, ne pouvait être à ses yeux qu’un ennemi. À cette pensée, il tira sa hache de dessous son pourpoint, grimpa sur la fenêtre et se laissa retomber comme une pierre sur le plancher.

— Lâche ravisseur ! cria-t-il au chevalier noir, Français déloyal ! Vous avez vécu assez longtemps. Vous n’aurez pas mis impunément la main sur la fille du Lion, mon seigneur.

Le chevalier, stupéfait de cette apparition sou-