Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/301

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pour réunir plus de ressources : soyez sûrs que l’armée des Français sera renforcée par un nombre considérable de traîtres flamands et de léliards. Songeons que nous jouons la liberté de la patrie, car, si nous étions vaincus, ce serait fini pour toujours : nous pourrions pendre nos épées à la muraille.

Comme le noble Borlunt était renommé par toute la Flandre pour un guerrier habile et sage, son avis fut approuvé par tous les chevaliers présents, y compris Jean de Namur. Le jeune Guy s’avança et dit avec chaleur :

— Considérez, cependant, messires, que chaque heure qui s’écoule est une heure de souffrance pour mon vieux père et mes malheureux parents ; songez à ce que doit souffrir mon illustre frère. Lui que la seule pensée d’une injure rendait malheureux, nous l’avons laissé depuis deux ans aux mains de ses ennemis ! Nous avons laissé rouiller nos épées dans un honteux repos ! Si nos frères captifs pouvaient nous parler de leur prison et demander : Qu’avez-vous fait de vos épées, et comment avez-vous rempli les devoirs d’un chevalier ? Que répondrions-nous ? rien ; le rouge de la honte monterait à nos fronts et nous baisserions la tête devant ces reproches. Non, je ne veux plus attendre ; l’épée est tirée, et le fourreau ne la recevra plus que teinte du sang ennemi ! J’espère que mon cousin Guillaume appuyera cette résolution.

— Le plus tôt sera le mieux, cria Guillaume de