Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/302

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Juliers ; il y a assez longtemps que nous contemplons les souffrances de nos parents. Elle a sonné enfin, l’heure si désirée de la vengeance ; j’ai revêtu la cuirasse et je la porterai jusqu’au jour de la délivrance : je combattrai avec mon cousin Guy et ne veux point entendre parler de retard.

— Mais, messires, reprit Jean Borlunt, permettez-moi de vous faire remarquer qu’il nous faut du temps pour rassembler secrètement nos hommes, et que ce secours vous manquera si vous vous mettez sans nous en campagne ; messire de Renesse m’a déjà exprimé le même sentiment.

— Je ne puis vraiment armer mes vassaux en moins de quinze jours, dit Jean de Renesse, et je conseillerais à messeigneurs Guy et Guillaume d’écouter l’expérience du noble Borlunt ; il est impossible d’amener en si peu de temps les reîtres allemands : qu’en pense maître de Coninck ?

— Si la parole d’un humble sujet pouvait avoir quelque poids auprès de ses seigneurs, je leur conseillerais aussi la prudence, quoique ce soit contre mon projet. En ce cas, nous profiterions du délai pour enrôler une partie de nos frères de Bruges, et ces messieurs pourraient rassembler et équiper leurs vassaux en attendant que monseigneur de Juliers vienne avec ses cavaliers allemands.

Le chevalier noir manifesta à plusieurs reprises son mécontentement par des mouvements de tête ; il était visible qu’il avait envie de parler ; cepen-