Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/307

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Robert leur raconta successivement comment il avait sauvé miraculeusement son enfant des mains des Français, et ce qu’il avait souffert dans les ruines de Nieuwenhove. Sa douleur s’était cependant apaisée, car il avait foi dans la prédiction du médecin ; l’espoir que Mathilde le reconnaîtrait enfin consolait son cœur, et l’habitude des malheurs lui donnait la force de supporter ses chagrins.

Ils arrivèrent bientôt dans la salle où Mathilde paraissait dormir paisiblement : ses joues étaient blanches comme l’albâtre et sa respiration si faible qu’elle paraissait sans mouvement. Grand fut l’étonnement qui s’empara des chevaliers, à la vue du sang mêlé de boue qui souillait ses vêtements ; ils joignirent les mains avec compassion, car le médecin leur avait fait comprendre, en mettant son doigt sur sa bouche, que le plus grand silence était nécessaire. Le jeune Guy embrassa son frère Robert et versa des larmes amères sur son sein.

— Damnation ! gémit-il, voilà donc l’enfant du Lion !

Le docteur emmena les chevaliers hors de la salle et leur dit :

— La jeune dame a repris ses sens ; mais elle est d’une grande faiblesse. Pendant votre absence, elle s’est réveillée, et elle a reconnu maître Breydel ; elle lui a demandé beaucoup de choses pour rassembler ses souvenirs. Il l’a consolée en lui certifiant que monseigneur de Béthune viendrait la voir ; il ne