Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/374

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bien-aimé comte en prison et empoisonné sa fille ?

Un sourd murmure, plein d’esprit de vengeance, et dont la sinistre signification serrait le cœur, courut pendant un instant sous les arbres.

— Ils mourront ! répondirent les chefs.

— Eh bien, reprit de Coninck, dès aujourd’hui nous serons libres ! mais il nous faudra plus de courage et d’énergie pour conserver notre liberté, car le roi de France arrivera sans nul doute en Flandre à la tête d’une nouvelle armée.

— Tant mieux, s’écria Breydel, il y aura là-bas d’autant plus d’enfants qui pleureront leurs pères comme moi je pleure ma mère : que Dieu reçoive son âme !

Les paroles du doyen des bouchers avaient interrompu l’allocution de de Coninck. Celui-ci, craignant que le temps ne lui manquât pour donner les instructions nécessaires, se hâta de reprendre :

— Voici ce que vous avez à faire : dès qu’il sonnera trois heures à l’église de Sainte-Croix, vous ferez lever vos hommes, vous les mettrez en rangs et les conduirez aux abords de la route. Je m’avancerai avec quelques compagnons jusqu’aux murs de la ville ; quelques instants après, lorsque la porte sera ouverte par les klauwaerts que j’ai laissés en ville, vous y entrerez en gardant un profond silence et prendrez la direction que je vais vous dire ; maître Breydel, avec les bouchers, s’emparera de la porte, de Spey, y placera des gardes et répandra ensuite