Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/376

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distinguer les étrangers de nos compatriotes ; car nous trouverons la plupart des habitants au lit et déshabillés.

— Il y a un moyen facile d’éviter toute erreur ; voici ce qu’il vous faut faire. Si vous ne pouvez reconnaître au premier coup d’œil si celui à qui vous avez affaire est un étranger ou un Flamand, ordonnez-lui de crier : Schild en vriend ! Quiconque ne pourra prononcer ces mots est un Français, et doit être mis à mort sans pitié[1].

La cloche de Sainte-Croix retentit trois fois dans les profondeurs du bois.

— Encore un mot ! dit de Coninck avec précipitation. Souvenez-vous que j’ai pris sous ma sauvegarde la demeure de messire de Mortenay ; respectez-la, et qu’aucun de vous ne mette le pied sur le seuil de la maison de ce généreux ennemi. Maintenant, hâtez-vous de rejoindre vos hommes, communiquez-leur mes ordres, et faites comme je vous ai dit. Hâtez-vous et pas de bruit, je vous en prie !

Les chefs rejoignirent chacun leur corps et les amenèrent sur le bord de la route. De Coninck rangea un grand nombre de tisserands le long de la route jusqu’à une courte distance de la ville : lui seul se rapprocha davantage de la muraille et chercha à percer les ténèbres du regard. Une mèche dont il ca-

  1. Et il fut convenu que ceux qui ne pourraient prononcer Schild en vriend, seraient mis à mort sans quartier, (L’Excellente Chronique.)