Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/378

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— Flandre au Lion ! À mort ! Tous à mort !

Cet appel, cette condamnation des oppresseurs du pays, fut répétée par cinq mille bouches. Il est facile de comprendre l’affreux tumulte, l’épouvantable désordre que produisirent ces cris de mort. Au même moment, toutes les portes furent enfoncées ou brisées. Les klauwaerts, avides de vengeance, coururent aux lits des étrangers et massacrèrent quiconque ne put prononcer les mots : Schild en vriend ! Comme dans certaines maisons étaient logés plus de Français qu’on n’en pouvait tuer en si peu de temps, beaucoup d’entre eux purent s’habiller et prendre les armes ; cela arriva en particulier dans le quartier où messire de Châtillon habitait avec ses gardes nombreux[1]. Environ six cents ennemis parvinrent à se soustraire ainsi à la rage de Breydel et de ses hommes. Beaucoup d’autres, qui, bien que blessés, avaient échappé au massacre, se rendirent par d’autres rues au pont des snaggaerts et vinrent augmenter tellement le nombre des fugitifs, que ceux-ci, se trouvant près d’un millier, résolurent de vendre chèrement leur vie.

Ils étaient adossés aux maisons en rangs serrés et se défendaient en désespérés contre les bouchers. Beaucoup d’entre eux étaient armés d’arbalètes et abattirent plusieurs klauwaerts, mais cela ne fit qu’accroître la fureur de ceux qui voyaient tomber

  1. Voir l’Excellente Chronique.