Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/386

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parut avec ses serviteurs dans la rue où se trouvaient les bouchers : ceux-ci, ne songeant pas qu’on pouvait déjouer leur vigilance sur un autre point, se levèrent et examinèrent attentivement ceux qui accompagnaient le gouverneur de la ville ; mais, tout à coup, le cri : « Flandre au Lion ! à mort ! à mort ! » retentit dans une autre rue, et l’on entendit, au tournant de l’hôtel, retentir le pas des chevaux lancés au galop. Les bouchers se précipitèrent vivement en désordre, et en poussant de grands cris, vers l’endroit où le tumulte s’était fait entendre ; mais il était trop tard : de Châtillon et de Gistel s’étaient évadés. Des trente hommes qui les accompagnaient, vingt avaient péri ; car partout où ils passaient ils rencontraient des ennemis qui les assaillaient, et le bonheur voulut que les deux chevaliers échappassent au danger. Ils s’enfuirent vers les remparts, en passant derrière Sainte-Claire, et gagnèrent ainsi la porte des Forgerons ; là, ils se précipitèrent avec leurs chevaux dans le fossé et le traversèrent à la nage, non sans courir un grand danger, car l’écuyer de messire de Châtillon se noya avec le cheval qu’il montait[1].

  1. Vers onze heures et demie du matin, Jacques de Saint-Pol (de Châtillon) prit les habits de son chapelain, s’en revêtit et gagna les remparts en passant derrière Sainte-Claire ; de là il longea le mur jusqu’à la porte des Forgerons, où il s’élança avec son cheval dans le fossé, qu’il traversa à la nage, en courant grand danger de se noyer, car son principal écuyer resta dans le fossé et s’y noya. (L’Excellente Chronique.)