Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/404

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je prie durant les nuits entières, pour que les saints anges accompagnent messire Adolphe dans son périlleux voyage ! Il ne peut ni me consoler, ni me rendre le bonheur… mais qu’entends-je ? Ma prière serait-elle exaucée ? Oui, oui, il est là, notre bien-aimé frère !

Elle étendit le bras vers la rue et resta muette et immobile. Elle ressemblait à une statue et semblait vouloir saisir un bruit lointain. Marie s’effraya : elle crut la comtesse frappée de folie. Au moment où elle allait parler, elle entendit le pas d’un cheval retentir devant la porte : elle comprit alors le sens des paroles de Mathilde. Elle fut saisie du même espoir et sentit ainsi redoubler les battements de son cœur.

Sur ces entrefaites, le bruit qu’elles avaient entendu cessa tout à coup, et déjà le bienheureux espoir qui s’était emparé d’elle, commençait à s’évanouir, lorsque la porte de la chambre s’ouvrit avec fracas :

— C’est lui ! c’est lui ! s’écria Mathilde. Merci, mon Dieu, je le revois !

Elle s’élança vivement vers le chevalier, et, de son côté, Adolphe courut à elle ; mais une soudaine émotion les fit reculer tous deux tout tremblants.

Au lieu de la jeune fille dans la fleur de la vie qu’il s’attendait à retrouver, il voyait devant lui un squelette vivant, aux joues blêmes et amaigries, aux