Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/411

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— Flandre au Lion ! vive notre bien-aimé comte ! s’écriait le peuple en battant des mains avec enthousiasme. Adolphe et les deux jeunes filles s’étaient approchés de la fenêtre. Ils virent fourmiller au-dessous d’eux les innombrables têtes de la foule qui se précipitait comme un torrent vers le marché : des femmes et des enfants se mêlaient à ces vagues humaines, qui ondoyaient sous le regard des deux jeunes filles prises d’une vive curiosité. Dans une autre rue on entendait le pas retentissant d’un grand nombre de chevaux. Tout leur faisait supposer qu’il venait d’arriver à Bruges un corps de cavalerie. Tandis qu’elles s’interrogeaient mutuellement sur la cause probable de cette agitation populaire, un domestique vint leur annoncer qu’un messager demandait à être admis en leur présence. À peine y fut-il autorisé que le messager entra dans la chambre.

C’était un jeune page, un charmant enfant sur la douce et naïve physionomie duquel on lisait l’innocence et la fidélité : son costume était mi-partie de soie noire et bleue, et rehaussé par de gracieux ornements. Parvenu à quelque distance des nobles dames, il se découvrit avec respect et courba profondément la tête sans parler.

— Quelle bonne nouvelle nous apportez-vous, gentil page ? demanda Mathilde avec affabilité.

Le jeune page releva la tête et répondit de sa douce voix d’enfant :

— À l’illustre fille du Lion de Flandre, notre comte,