Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/42

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Un instant après, l’oiseau planait au-dessus des nuages et fondait comme l’éclair sur le pauvre animal surpris dans sa fuite. Spectacle curieux et étrange ! À peine le faucon eut-il enfoncé ses serres dans les flancs du lièvre, en pleine course, qu’il s’y cramponna avec force et l’animal l’entraîna dans sa fuite. Mais la course ne fut pas longue ; car, dès que la victime passa près d’un buisson, le faucon saisit une branche d’une de ses serres, et de l’autre retint le lièvre avec tant de vigueur, que le malheureux animal, malgré tous ses efforts, ne put faire un pas de plus. Alors, quelques chiens furent lâchés ; ceux-ci s’élancèrent sur le lièvre et l’enlevèrent au faucon. Le courageux oiseau s’éleva triomphant, se mit à planer au-dessus des chiens et les accompagna jusque auprès des valets de chasse ; puis il s’élança vers le ciel et témoigna sa joie en tournoyant en haut des airs.

— Monseigneur de Béthune, s’écria le comte de Valois, à la vérité, vous avez là un noble oiseau ; c’est un beau et vaillant chasseur.

— Oui, monseigneur, c’est un faucon magnifique, répondit Robert ; dans un instant, je vais vous faire admirer la force de ses serres.

À ces mots, il découvrit l’oiseau qui lui servait d’appel, et dès que le faucon l’aperçut, il vint s’abattre sur le poing de son maître.

— Voyez, reprit Robert en montrant l’oiseau au comte de Valois ; voyez ces belles plumes fauves,