Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/434

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rent leur souverain à la lueur des torches et en poussant des cris d’allégresse. Dès que l’armée fut entrée dans la ville, les Courtraisiens apportèrent toute espèce de vivres ; ils offrirent des tonnes entières de vin à leurs frères lassés, et restèrent toute la nuit sur le rempart, en serrant à chaque instant d’une affectueuse étreinte leurs amis de Bruges. Durant cette effusion de sympathie fraternelle, un grand nombre allèrent au-devant des femmes et enfants harassés par le voyage, pour les décharger des meubles et autres objets qu’ils avaient pu emporter. Beaucoup de ces faibles créatures, dont les pieds avaient été blessés par la route, furent transportées en ville sur les robustes épaules des secourables Courtraisiens ; tous furent hébergés, nourris et réconfortés avec sollicitude. La reconnaissance des Courtraisiens et leur ardente et généreuse affection accrut singulièrement le courage des Brugeois, car l’âme humaine s’élève toujours au contact des sentiments nobles.

Mathilde et Marie, la sœur d’Adolphe de Nieuwland, avec un grand nombre de nobles dames de Bruges, étaient arrivées à Courtray quelques heures avant l’armée ; elles avaient mis pied à terre chez des familles de leur connaissance, et fait préparer des logements pour les chevaliers, leurs parents ou leurs amis, de sorte que les nobles compagnons de Guy trouvèrent tout prêt dès leur arrivée.

Le lendemain, de bon matin, Guy alla avec quel-