Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/44

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Flandre ne fût pas sans défiance, et qu’il hésitât à entreprendre le voyage de France, il se résolut néanmoins, par affection pour ses enfants, à risquer cette dangereuse expédition. Il céda enfin aux instances du prince français, et consentit, avec tous les nobles qui étaient restés attachés à son sort, d’aller se jeter aux pieds de Philippe le Bel et de chercher, par cette humble démarche, à émouvoir la compassion de son suzerain. L’absence de la reine Jeanne le berçait du doux espoir que Philippe, abandonné à lui-même, ne serait pas implacable.

Robert de Béthune et le comte de Châtillon se séparèrent des autres seigneurs ; ils évitèrent toutes les occasions qui pouvaient les rapprocher l’un de l’autre, et aucun d’eux, depuis leur querelle, ne prononça plus une seule parole. Adolphe de Nieuwland chevauchait à côté de Mathilde et de son frère Guillaume. La jeune princesse paraissait très-attentive et très-occupée d’une chanson ou d’un fabliau que lui redisait Adolphe ; car, de temps en temps, les dames qui l’entouraient s’écriaient avec admiration :

— Quel beau diseur, quel savant ménestrel que ce sire de Nieuwland !

On arriva enfin à Wynendael, et le cortége rentra dans le château. Le pont ne se leva pas et la herse ne tomba point. Peu d’instants après, les seigneurs français reparurent avec leurs armes. En traversant le pont-levis, Châtillon dit à son frère :

— L’honneur de notre nièce a été attaqué ; c’é-