Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/445

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Ne sais-je pas que le sang des bouchers coule dans vos veines ? Allons, à votre santé, camarades !

Une expression de plaisir reparut tout à coup sur la physionomie des bouchers, et le silence qu’ils gardaient se changea en de longs éclats de rire quand ils s’aperçurent que la menace de leur doyen n’était qu’une plaisanterie.

— Buvez, reprit Breydel, en remplissant son verre : cette cruche est à vous, il faut la vider jusqu’au fond. Vos compagnons, qui sont en sentinelle, en trouveront une autre à leur retour. Maintenant que nous voyons toutes les villes nous venir en aide, et que nous nous trouvons si forts, nous pouvons bien fêter ce bonheur.

— Je bois à la honte des Gantois ! s’écria l’un des compagnons. Depuis longtemps nous savons que qui compte sur eux compte sans son hôte ; mais peu importe ! qu’ils restent chez eux : notre brave ville de Bruges aura seule l’honneur de la lutte et de la délivrance.

— Les Gantois sont-ils bien des Flamands comme nous ? s’écria un autre, et leur cœur bat-il pour la liberté ? Y a-t-il à Gand des bouchers comme nous ? Vive Bruges ! c’est là qu’est la vraie race flamande !

— Comment ? s’écria Breydel ; il y a à Gand un homme qui a un cœur de lion. Jean Borlunt n’est-il pas connu dans le monde entier ? Je suis sûr que s’il voulait s’enquérir de la chose, il découvrirait que ses pères étaient des bouchers ou quelque chose de