Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/457

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La dernière aile, qui fermait le carré, comprenait toute la cavalerie de l’armée, c’est-à-dire les onze cents hommes envoyés par le comte Jean de Namur à son frère Guy. Cette troupe était toute couverte de fer et d’acier ; on ne pouvait voir que les yeux des cavaliers à travers les trous de la visière, et les pieds des chevaux qui sortaient de leurs caparaçons de fer. Des épées longues ou courtes s’appuyaient à l’épaulière de leurs cuirasses, et d’ondoyants panaches flottaient au vent derrière eux.

Ainsi était rangée l’armée, conformément aux ordres de son chef. Le plus grand silence régnait dans les rangs ; les hommes d’armes se demandaient bien naturellement ce qui allait se passer ; mais ils parlaient si bas que nul autre que leur voisin ne pouvait entendre. Guy et tous les autres chevaliers qui n’avaient pas amené de troupes, étaient logés à Courtray ; depuis quelque temps déjà l’armée était sous les armes et aucun d’eux n’avait encore paru.

Tout à coup on vit la bannière de monseigneur Guy apparaître sous la porte de la ville ; messire de Renesse qui, en l’absence du général, commandait l’armée, cria :

— Haut les armes ! serrez les rangs !

À ce commandement, tous mirent leur arme dans la position voulue, se rapprochèrent et s’alignèrent en rangs. À peine ce mouvement était-il opéré, que la cavalerie s’ouvrit pour permettre à Guy, suivi d’un nombreux cortége, d’entrer dans le carré.