Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/468

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— Messire de Coninck, dit-il, soyez toujours féal chevalier, ne manquez jamais à l’honneur, et ne tirez jamais l’épée que pour Dieu, pour la patrie et pour votre souverain.

À ces mots, il frappa légèrement de son épée la nuque du doyen des tisserands, selon les us de la chevalerie. Le même cérémonial eut lieu pour Jean Breydel qui, lui aussi, fut solennellement armé chevalier au même moment. Mathilde se détacha du cortége et vint se placer devant les deux doyens ; elle prit successivement les deux écus armoriés et les suspendit de ses mains au cou des deux bourgeois anoblis. Un grand nombre de spectateurs remarquèrent qu’elle avait suspendu d’abord l’écu au cou de Breydel, et qu’elle en avait certainement agi ainsi avec intention, parce qu’il lui avait fallu faire pour cela quelques pas de ce côté.

— Ces armoiries vous sont concédées par mon père, messires, dit-elle en se tournant davantage du côté de Breydel ; je sais que vous les garderez sans tache ni souillure, et je suis heureuse de pouvoir participer à la récompense que vous vaut votre dévouement à la patrie.

Breydel leva sur la jeune comtesse un regard plein d’une profonde reconnaissance : on lisait dans ses yeux la promesse d’une ardente affection et d’un dévouement sans réserve. Il se serait sans doute jeté aux pieds de Mathilde ; mais l’attitude solennelle des chevaliers qui l’entouraient faisait sur lui une