Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/475

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dessus de la porte d’entrée, était appendu l’écusson de la maison d’Artois ; un peu plus loin, au sommet d’une éminence élevée pour la circonstance, flottait la grande bannière fleurdelisée de France. À l’intérieur de la magnifique salle, tendue des plus riches tapisseries, on avait disposé de longues tables et des siéges recouverts de velours : un palais n’eût vraiment pu offrir plus de richesses et de splendeur.

Au haut bout de la table d’honneur, était assis monseigneur Robert, comte d’Artois ; il était déjà d’un grand âge, mais encore dans toute la force de la vie ; une cicatrice, qui défigurait sa joue droite, attestait sa bravoure, et ajoutait à la dureté de ses traits. Bien que ses joues fussent labourées de rides profondes et maculées de taches brunes, ses yeux brillaient encore d’une ardeur virile sous leurs épais sourcils. L’ensemble de sa physionomie accusait la cruauté, et son regard farouche annonçait l’homme de guerre ne connaissant ni pitié ni merci.

À côté de lui, à sa droite, était assis le vieux Sigis, roi de Mélinde ; l’âge avait blanchi ses cheveux et courbé son front, néanmoins il voulait être présent à la bataille. Au milieu de tant de vieux guerriers, il sentait le courage d’autrefois renaître dans son cœur, et se promettait de se distinguer encore par Quelques beaux faits d’arme. Les traits du vieux prince inspiraient le plus profond respect, la douceur de caractère et la tranquillité d’âme y avaient gravé leur empreinte. Assurément le bon Sigis n’eût