Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/507

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cause sacrée, et, s’il nous faut mourir, que ce soit en peuple libre et héroïque, en dignes descendants de lions indomptés ! Songez à Dieu, dont ces hommes impies ont incendié les temples, à vos enfants qu’ils mettront à mort, à vos femmes inquiètes et effrayées, à tout ce que vous aimez, — et nos ennemis, fussions-nous vaincus, n’auront pas à se vanter de leur victoire, car il sera tombé plus de Français que de Flamands sur notre sol. Gardez-vous des cavaliers, enfoncez vos goedendags dans les jambes des chevaux, et surtout ne quittez pas vos rangs. Si quelqu’un dépouille un ennemi abattu, si quelqu’un fuit le combat, tuez-le, je vous l’ordonne. S’il se trouve un lâche parmi vous, qu’il meure de vos mains, et que son sang retombe sur moi seul[1].

Il se baissa vers le sol, ramassa un peu de terre, la porta à sa bouche, et, élevant davantage la voix, il s’écria :

— Par cette terre bien aimée que je veux porter en moi, je saurai aujourd’hui vaincre ou mourir !

Tous se baissèrent de même et mangèrent un peu de terre du sol de la patrie. Cette terre, en descendant dans leur sein, les remplit d’une fureur concentrée et d’un ardent désir de vengeance ; une flamme terrible brillait dans leurs yeux, et l’on voyait tour à tour pâlir et rougir leurs visages con-

  1. Voir l’Excellente chronique.