Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/512

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miers rangs s’enfoncèrent dans la fange et tombèrent pêle-mêle les uns sur les autres ; ils s’écrasaient mutuellement dans cette affreuse mêlée, et plus de cinq cents hommes y périrent, tandis que les Flamands leur lançaient une telle quantité de pierres, que ni casques, ni cuirasses n’y résistaient. À cette vue, monseigneur d’Artois fut forcé d’ordonner la retraite aux troupes de Raoul de Nesle. Ce ne fut qu’à grand’peine qu’on parvint à reformer en rangs réguliers ce corps désorganisé par la plus terrible confusion.

Sur ces entrefaites, messire Jean de Barlas était parvenu à trouver un endroit où l’on pouvait franchir plus facilement le premier ruisseau et avait gagné l’autre rive avec deux mille arbalétriers. En atteignant la prairie où se trouvaient les frondeurs flamands, il disposa ses hommes en rangs serrés, et fit lancer à l’ennemi un si grand nombre de flèches, que l’air en fut obscurci[1]. Un grand nombre de Flamands tombèrent morts ou blessés, et les arbalétriers français gagnèrent sur eux beaucoup de terrain.

Messire Salomon de Sevecote avait pris lui-même la fronde d’un compagnon de métier mort, et stimu-

  1. Sur ces entrefaites, les arbalétriers marchèrent en avant et trouvèrent moyen de passer le ruisseau sur un autre point, où messire Jean de Barlas, qui les commandait, les disposa en rangs serrés. (Voisin.)