Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/516

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les Français ; mais Guy et Jean Borlunt, dont le comte acceptait les conseils, voyant les avantages de la position qu’ils occupaient, ne voulurent pas la quitter au prix d’un avantage partiel. Le plus profond silence continuait de régner dans les rangs, afin que les ordres fussent entendus de tous.

Enfin les deux ruisseaux furent comblés, en quelque sorte, par des cadavres d’hommes et de chevaux, et Raoul de Nesle réussit à les franchir avec un millier de cavaliers environ. Il les massa en rangs serrés et s’écria :

— France ! France ! en avant ! en avant !

La troupe s’élança intrépidement sur le centre de l’armée ennemie ; les Flamands avaient appuyé sur le sol l’extrémité de leurs longues goedendags et reçurent la cavalerie française sur la pointe de ces armes formidables[1]. Un grand nombre d’ennemis tombèrent de selle sous la violence du choc et furent bientôt percés de coup de lance. Mais Godefroi de Brabant, qui, avec ses neuf cents cavaliers, avait aussi franchi le ruisseau, tomba avec tant de force sur le corps commandé par Guillaume de Juliers, qu’il renversa ce chevalier avec les trois premiers rangs de sa troupe et coupa ainsi la ligne de bataille de l’armée flamande.

  1. Les Flamands les reçurent sur la pointe de leurs longues lances, et dans cet assaut, bien que leur ordre de bataille fût rompu, ils tuèrent un grand nombre de cavaliers et de chevaux. (Voisin.)