Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/524

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cents hommes intrépides, avait pénétré jusqu’au centre de l’armée française ; il était tellement cerné de toutes parts par l’ennemi, qu’il était impossible aux Flamands de l’apercevoir. Là il combattait avec tant de bravoure et de dextérité que les ennemis nombreux auxquels il avait affaire ne pouvaient entamer son détachement, quelque peu nombreux qu’il fût ; autour de lui gisait un grand nombre de victimes, et quiconque osait l’approcher payait de sa vie cette témérité. Il se rapprochait peu à peu du camp français et semblait vouloir atteindre celui-ci. Ce n’était pas son intention ; car, lorsqu’il se trouva au milieu des troupes françaises, il s’élança de côté sur l’étendard de Navarre et l’arracha des mains de celui qui le portait. Les gens de Navarre tombèrent avec fureur sur lui et mirent à mort grand nombre des siens ; mais il sut si bien défendre la bannière qu’il avait conquise, que les Français ne purent la lui reprendre. Il avait presque regagné le gros de l’armée flamande, lorsque Louis de Forest lui porta un coup si terrible sur l’épaule gauche, que le bras fut à demi séparé du corps ; on voyait ce bras paralysé pendre le long de la cuirasse, le sang coulait à flots de la blessure, une pâleur mortelle se répandit sur ses traits, mais il ne lâcha pas l’étendard. Louis de Forest fut tué par un autre Flamand, et Hugues d’Arckel revint presque sans vie avec la bannière de Navarre au milieu des siens. Il s’efforça de répéter le cri : « Flandre au Lion ! » mais sa voix éteinte lui