Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/530

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ne put résister plus longtemps au choc. Le cri : « Flandre au Lion ! » fit place à un autre : les Français s’écriaient :

— « Noël ! Noël ! En avant ! À nous la victoire !… »

Les Flamands furent refoulés et culbutés. Malgré les efforts inouïs de Guy, il ne put empêcher ses hommes de battre en retraite, car il y avait au moins trois cavaliers contre un fantassin ; les chevaux foulaient aux pieds les Flamands ou les forçaient irrésistiblement à reculer. Le désordre se mit dans leurs rangs, et la moitié de l’armée flamande s’enfuit devant l’ennemi ; un grand nombre furent terrassés, et les autres se trouvèrent tellement dispersés, qu’ils ne purent offrir aucune résistance à la cavalerie, et furent poursuivis par les Français jusqu’à la Lys, dans les eaux de laquelle une grande partie d’entre eux trouvèrent la mort. Guy était parvenu néanmoins à rallier un peu ses hommes sur le bord de cette rivière ; mais le nombre des ennemis était trop grand. Les gens de Furnes, quoique dispersés çà et là, combattaient avec la furie du désespoir ; l’écume couvrait leurs lèvres, leur sang coulait, et cependant le courage héroïque qu’ils avaient déployé jusque-là ne leur suffisait pas ; chacun d’eux avait abattu déjà trois ou quatre cavaliers, mais leur nombre diminuait de plus en plus, tandis que celui des ennemis ne faisait que s’accroître ; ils voulaient mourir avec honneur et en