Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/532

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on pouvait y lire, en grandes lettres d’argent qui se détachaient sur un fond noir, le mot : Flandre.

Il n’y avait pas un chevalier sur le champ de bataille qui fût revêtu d’une aussi splendide armure que cet inconnu, mais, ce qui le distinguait le plus, c’était sa taille : il dépassait de la tête les hommes les plus robustes et avait une telle stature, qu’on eût pu le prendre pour un fils des géants. Le cheval qu’il montait ajoutait beaucoup à cette taille surprenante, car il était aussi d’une taille et d’une force extraordinaires. De gros flocons d’écume s’échappaient de la bouche du puissant animal, et son haleine sortait en sifflant des poumons en deux épais nuages de vapeur. Le chevalier ne portait, pour toute arme, qu’un formidable marteau, ou plutôt une masse d’armes dont l’acier se détachait vivement sur le jaune éclat de son armure dorée.

L’autre cavalier était un moine mal armé et mal équipé ; sa cuirasse et son casque étaient tellement rouillés qu’ils semblaient peints en rouge. Son nom était frère Guillaume de Saeftinge. Étant en son couvent à Doest, il apprit qu’on allait livrer bataille aux Français, près de Courtray ; il prit deux chevaux dans l’écurie du monastère, échangea l’un d’eux contre les armes rouillées qu’il portait et accourut sur l’autre pour assister à la lutte suprême. Lui aussi était extraordinairement fort et d’un cœur intrépide : une longue épée brillait dans sa main, et la flamme de son regard annonçait assez un redoutable com-