Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/545

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land ; mais il crut, un instant après, le reconnaître un peu plus loin au milieu des Flamands. Les quarante chevaliers d’élite, qui se tenaient encore autour de l’étendard, s’élancèrent comme de vrais héros sur le chevalier à l’armure dorée ; mais il fit tournoyer sa masse d’armes avec une telle habileté, qu’aucune épée ne pouvait l’atteindre. Du premier coup, il fracassa le crâne du sire Alain de Bretagne ; du second, il brisa la cuirasse de Richard de Falais et lui fit sortir les côtes du flanc. Pendant ce temps, les autres Flamands combattaient avec un égal courage ; Arnould d’Audenaerde recevait une blessure à la tête, et plus de vingt de ses hommes tombaient sous les coup des Français.

Le chevalier à l’armure dorée terrassait tous ceux qui se trouvaient à sa portée ; déjà Jean d’Emmery, Arnould de Vahain et Hugues de Viane gisaient à ses pieds. L’œil ne pouvait suivre sa hache d’armes, tant elle s’abattait rapidement d’un ennemi sur l’autre. Celui qui portait l’oriflamme reconnut bientôt qu’il lui serait impossible de la garder en cet endroit et s’enfuit plus loin ; mais, à cette vue, le chevalier à l’armure dorée écarta violemment de son chemin trois ou quatre ennemis et poursuivit le porte-étendard jusqu’au milieu des rangs français, à une grande distance du lieu où la lutte était engagée : il l’atteignit et combattit si longtemps et si bien qu’il finit par s’emparer de l’oriflamme. Toute une troupe de cavaliers s’élança sur lui pour la lui reprendre ; mais le che-