Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/546

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valier la plaça dans l’étrier comme une lance, et fit mordre la poussière à un grand nombre de ses adversaires, tout en reculant à travers les rangs de l’ennemi. Il se retrouva enfin au milieu de l’armée flamande, et, élevant dans les airs l’étendard conquis, il s’écria :

— Flandre au Lion ! À nous la victoire !

D’enthousiastes acclamations répondirent à ce cri, et tous les bras agitèrent leurs armes dans les airs, en signe d’allégresse ; le courage des Flamands grandit encore à la vue du trophée conquis.

Guy de Saint-Pol se trouvait encore près du Gottelberg avec environ dix mille hommes d’infanterie et un corps considérable de cavalerie. Déjà il avait fait emballer tous les objets les plus précieux qui se trouvaient au camp, et il songeait à sauver ses hommes par la fuite ; mais Pierre Lebrun, un des chevaliers qui avaient combattu autour de l’oriflamme et qui s’était éloigné du champ de bataille pour se remettre d’un étourdissement, Pierre Lebrun, s’apercevant des intentions de Guy, courut à lui et s’écria :

— Oh ! messire de Saint-Pol, osez-vous bien agir ainsi ? Comme un lâche, laisseriez-vous sans vengeance la mort de monseigneur d’Artois et de tous nos frères ? Oh ! je vous en supplie, pour l’honneur de la France, ne le faîtes point. Mourons plutôt pour échapper à la honte de la défaite. Conduisez vos hommes en avant ; peut-être avec