Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/560

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portaient tous les signes d’une mort prochaine. Il jeta un regard égaré sur ceux qui venaient le délivrer ; ses paupières affaiblies n’avaient plus la force de garantir ses yeux obscurcis contre les brûlants rayons du soleil. Jean Borlunt reconnut l’infortuné Adolphe de Nieuwland.

On se hâta de détacher les courroies de sa cuirasse ; on souleva sa tête de la fange et l’on humecta ses lèvres d’une eau bienfaisante. Sa voix mourante murmura quelques paroles inintelligibles et ses yeux se fermèrent tout à fait, comme si l’âme s’était envolée.

L’air et l’eau fraîche l’avaient fortement saisi et il resta évanoui pendant quelques instants ; quand il revint à lui, toujours faible et abattu, il prit la main de messire Borlunt, et dit d’une voix si lente qu’il y avait une pause entre chaque parole :

— Je meurs, vous le voyez, messire Jean, mon âme ne restera plus longtemps sur la terre ; mais, ne pleurez pas sur moi. Je meurs content, la patrie est vengée.

Sa respiration était trop brève pour qu’il pût parler davantage ; sa tête s’affaissa sur le bras de Jean Borlunt, et il porta lentement le voile vert à ses lèvres. Dans cette attitude, il perdit tout sentiment et resta immobile comme un cadavre sur le sein de Jean Borlunt. Cependant son cœur continuait de battre et la chaleur de la vie n’abandonnait pas son sein. Le chevalier gantois gardait encore quelque espoir, et