Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/563

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tête ; elles regardèrent fixement la porte et tressaillirent toutes deux d’un doux pressentiment.

— Adolphe revient ! dit Marie, oh ! notre prière est exaucée !

Mathilde écouta plus attentivement, et dit, avec abattement :

— Non, non, ce n’est pas lui, son pas n’est pas aussi pesant. Oh ! Marie, c’est peut-être un messager de malheur !

En ce moment, la porte de la cellule cria sur ses gonds ; une religieuse l’ouvrit et laissa entrer le chevalier à l’armure dorée.

Mathilde, à sa vue, frémit de tout son corps, son regard s’attacha avec hésitation sur celui qui apparaissait devant elle, et ses bras s’ouvrirent pour le recevoir ; il lui semblait qu’une mensongère illusion la trompait, mais cette émotion fut plus rapide que l’éclair. Elle s’élança impétueusement en avant et se jeta en poussant un cri de joie sur le sein du chevalier :

— Mon père, s’écria-t-elle, mon père bien-aimé, je vous revois libre, délivré de vos chaînes ! Laissez-moi vous presser dans mes bras ! Ô mon Dieu, que vous êtes bon !

Robert de Béthune embrassa sa fille avec transport ; il l’étreignit sur sa poitrine jusqu’à ce que l’élan de leurs cœurs fût un peu calmé, et il déposa alors son casque et ses gantelets sur le prie-Dieu. Accablé de lassitude, il attira a lui un siége et s’y