Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/566

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de tristesse et elle baissa silencieusement les yeux comme si elle eût été confuse.

Robert arrêta sur sa fille un regard scrutateur et lui dit :

— Mathilde, mon enfant, pourquoi tes traits s’assombrissent-ils tout d’un coup ?

La jeune fille releva la tête à demi, et dit, d’une voix hésitante :

— Mais, mon père, vous ne me parlez point d’Adolphe. Pourquoi n’est-il pas venu avec vous ?

Il se passa un instant avant que Robert répondît à cette question. Il crut avoir découvert chez Mathilde un tendre sentiment dont elle-même peut-être ne s’était pas encore rendu compte. Ce fut avec intention qu’il parla en ces termes :

— Adolphe poursuit sans doute les ennemis dispersés dans la campagne. Je puis te dire, Mathilde, que notre jeune ami est le plus brave et le plus généreux chevalier que je connaisse. Jamais je ne vis conduite aussi héroïque ! Deux fois il a sauvé la vie à ton oncle Guy. Jusque sous l’oriflamme de France, les ennemis tombaient en foule sous son épée ; chacun vante sa bravoure et lui attribue une grande part dans la glorieuse délivrance de la Flandre.

En prononçant ces mots, Robert, l’œil fixé sur sa fille, suivait sur son visage le reflet de ses émotions. Il vit s’y peindre tour à tour la joie et l’orgueil, et ne douta plus que son pressentiment ne fût fondé.