Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/82

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La guerre contre la Flandre a épuisé les coffres de l’État, et maintenant que vous avez le moyen de les remplir, vous vous imaginez de faire grâce à ces séditieux ! Jamais nos finances n’ont été en plus mauvais état ; messire de Marigny est à même de vous le démontrer.

À ces mots, Enguerrand de Marigny s’approcha du roi :

— Sire, dit-il, il est impossible de suffire plus longtemps à la solde des hommes d’armes. Le peuple refuse de payer les impôts. Le prévôt des marchands de Paris a rejeté le subside, et bientôt je ne pourrai plus pourvoir aux dépenses de la maison du roi. La Flandre, je le répète, après madame la reine, sire, la Flandre seule peut nous venir en aide. Les gens que j’y ai envoyés, habiles à faire rentrer l’argent, nous sauveront de cette situation critique. Songez-y, sire ! mais l’abandon de ce pays sera l’avant-coureur des plus grands désastres.

— Tous les subsides tirés du tiers-état sont-ils donc dépensés ? demanda Philippe avec découragement.

— Sire, répondit Enguerrand, j’ai restitué à Étienne Barbette les sommes que les fermiers des impôts de Paris avaient prêtées à Votre Majesté. Il ne reste rien, ou du moins très-peu de chose, dans le trésor.

Jeanne remarqua avec joie la pénible impression que cette nouvelle faisait sur l’esprit du roi ; elle crut le moment favorable pour obtenir la condamnation