Page:Conscience - Le Lion de Flandre, 1871.djvu/90

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— Oui, j’y serai avec vous et tout près de vous ; mais ni vous ni les Français ne me reconnaîtrez. Je l’ai dit : le roi Philippe ne prendra pas le renard. Dieu vous protége, messires !

Déjà il avait franchi la porte, lorsqu’il adressa ce dernier salut à ses amis.

Le comte se retira avec son page, et les autres chevaliers quittèrent aussi la salle pour aller se livrer au repos.


À l’heure fixée, on put voir dans une vaste salle du palais de Compiègne, les chevaliers flamands réunis autour de leur vieux comte. Ils avaient dû déposer leurs armes en entrant. Une expression de plaisir s’épanouissait sur leur physionomie, comme s’ils se fussent réjouis d’avance de la grâce qui leur était promise. Le visage de Robert de Béthune portait cependant une expression différente de tous les autres. Il était facile d’y lire un amer dépit et une colère concentrée. Les regards hautains des seigneurs français pesaient sur le cœur de l’intrépide Flamand, et, n’eût été son amour pour son père, il eût déjà cherché querelle à plus d’un. La contrainte que la nécessité lui imposait torturait son âme, et, à mainte reprise, un œil attentif eût pu voir ses poings se crisper convulsivement.

Charles de Valois s’entretenait affectueusement avec le vieux comte, en attendant le moment où, d’après l’ordre du roi son frère, il aurait à le con-