Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/387

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jaunes, bleues, enfin qu’on pourra la voir d’ici jusqu’à l’église !

La jeune fille pressa la main de son frère et dit avec cette douce émotion qui vient du cœur :

— Ah ! voilà qui est bien, Barthélemy ! Comme la mère va être contente !

— Ce n’est pas tout, sœurette ! reprit le jeune homme ravi. Il faudra un bouquet de fleurs ; je sais trois chansons, quatre histoires et sept énigmes, mais, là, tout ce qu’il y a de plus nouveau. Je les ai apprises exprès et gardées pour la fête de la mère. Ah ! Jeannette, Jeannette, comme nous allons rire et chanter ! Comme nous allons être gris ! Les larmes me viennent aux yeux rien qu’en pensant à la figure que fera la mère quand Cécile lui donnera, en plein hiver, tout un gros bouquet de fleurs, et lui mettra le beau mouchoir sur les épaules.

— Mais, Barthélemy, je regarde tout autour, et me demande où tu vas aller chercher des fleurs. Je crois que tu as perdu la tête !

Le visage du jeune homme prit une expression de douce moquerie, et il dit en souriant et regardant sa sœur dans les yeux :

— Jeannette, ne connais-tu pas un brave garçon qui s’appelle Frans ? Un blond, avec de grands yeux, qui est domestique chez le jardinier du château ?

La jeune fille rougit jusqu’aux oreilles et baissa les yeux toute confuse.

— Allons, allons, dit Barthélemy avec douceur, il ne faut pas rougir, Jeannette ; c’est un bon garçon qui connaît son métier, et qui sait rire à l’occasion. Ne crois-