Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/518

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Soudain le malade ouvrit les yeux, et son regard se fixa sur le doux visage qui lui souriait, comme si ce visage lui était inconnu.

— Mon oncle, mon père, vous vivez ! Merci, ô mon Dieu ! s’écria Cécile d’une voix pénétrée.

Le vieillard referma les yeux et resta un instant dans une immobilité complète. Puis son regard se porta de nouveau sur la jeune fille, et il la considéra longtemps comme s’il demandait à sa mémoire qui elle pouvait être. Son bras fit un mouvement inaperçu, il le souleva lentement, le passa au cou de sa nièce, attira sa tête à lui et l’embrassa en disant d’une voix éteinte :

— Cécile !

Cette parole, ce nom, ce baiser, parurent frapper Cécile d’égarement ; elle se dégagea de l’étreinte de son oncle, et dit d’une voix vibrante d’émotion aux autres personnes qui se tenaient près du lit :

— Priez ! oh ! priez !

Et elle-même tomba à genoux devant le crucifix et tendit les mains vers l’image de Jésus mourant.

Elle s’abîma pendant quelques instants dans la plus ardente prière que puisse inspirer la reconnaissance, puis se releva, et revint au chevet du lit.

Le vieillard s’était tourné sur le côté et parcourait la chambre d’un regard incertain et étonné ; il montra du doigt les trois personnes encore agenouillées sur le plancher.

— Qui est là ? demanda-t-il d’une voix faible.

— Mon Dieu, mon Dieu, il vit, il parle, il guérira, mon pauvre oncle, mon excellent père ! s’écria Cécile en sai-