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architecture phalanstérienne.

que chacune de ces maisons nécessite par année, au peu de durée de ces constructions étriquées, aux ignobles remaniements qu’on leur fait incessamment subir. Multiplier la dépense de chaque maison par leur nombre, et vous serez à même de prononcer !

Quant à la rue-galerie, voyons ce qu’elle épargne. — Dans chaque maison, des escaliers tordus et boiteux qui mangent beaucoup de place et beaucoup de matériaux, des corridors, des couloirs, des paliers ; — ensuite, des précautions dispendieuses de toute nature, que, depuis la basse classe jusqu’à la haute, depuis le parapluie jusqu’à l’équipage, chacun des deux mille habitants de la bourgade est obligé de prendre contre le froid, la pluie, les intempéries ; puis les maladies qui coûtent, usent la santé, arrêtent le travail ; — puis enfin le bien être en place du mal-être. — Pesez toutes ces choses, et vous verrez que la rue-galerie, vitrée, rafraîchie ou chauffée, avec ses grands escaliers régulièrement disposés, ses atriums et ses porches fermés du rez-de-chaussée, où l’on descend de voiture à l’abri quand on vient du dehors ; vous verrez, dis-je que la rue-galerie avec tout son luxe d’espace, est une construction aussi économique qu’hygiénique et confortable.

Calculez en outre ce que, dans chaque ménage, l’on perd de travail et de temps pour le service de la cuisine, de la cave, du grenier ; pour l’apport de l’eau, que les valets ou les femmes vont péniblement puiser, plusieurs fois par jour, à la pompe ou à la fontaine ; pour l’entretien et le service de propreté ; pour toutes les opérations domestiques enfin, exécutées par de simples mécanismes dans la construction phalanstérienne !

Le service de la premiere distribution de l’eau dans les ménages des grandes villes, de Paris, par exemple, emploie à lui seul des milliers de bras et constitue toute une industrie fatale[1]. Faites le compte de l’effet utile

  1. Les porteurs d’eau finissent presque toujours par être atteints