Page:Considérations sur la France.djvu/35

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sans amener des malheurs. Mais lorsqu’un philosophe se console de ces malheurs en vue des résultats ; lorsqu’il dit dans son cœur : Passe pour cent mille meurtres, pourvu que nous soyons libres ; si la Providence lui répond : J’accepte ton approbation, mais tu feras nombre, où est l’injustice ? Jugerions-nous autrement dans nos tribunaux ?

Les détails seroient odieux ; mais qu’il est peu de François, parmi ceux qu’on appelle victimes innocentes de la révolution, à qui leur conscience n’ait pu dire :

Alors, de vos erreurs voyant les tristes fruits,
Reconnoissez les coups que vous avez conduits.

Nos idées sur le bien et le mal, sur l’innocent et le coupable, sont trop souvent altérées par nos préjugés. Nous déclarons coupables et infâmes deux hommes qui se battent avec un fer long de trois pouces ; mais si le fer a trois pieds, le combat devient honorable. Nous flétrissons celui qui vole un centime dans la poche de son ami ; s’il ne lui prend que sa femme, ce n’est rien. Tous les crimes brillans, qui supposent un développement de qualités grandes ou ai-