Page:Constant - Adolphe.djvu/101

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la plus tendre. J’ai souvent pensé que ma conduite même contribuait à entretenir Ellénore dans cette disposition. Si je l’avais aimée comme elle m’aimait, elle aurait eu plus de calme ; elle aurait réfléchi de son côté sur les dangers qu’elle bravait. Mais toute prudence lui était odieuse, parce que la prudence venait de moi ; elle ne calculait point ses sacrifices, parce qu’elle était occupée à me les faire accepter ; elle n’avait pas le temps de se refroidir à mon égard, parce que tout son temps et toutes ses forces étaient employés à me conserver. L’époque fixée de nouveau pour mon départ approchait ; et j’éprouvais, en y pensant, un mélange de plaisir et de regret ; semblable à ce que ressent un homme qui doit acheter une guérison certaine par une opération douloureuse.

Un matin, Ellénore m’écrivit de passer chez elle à l’instant. Le comte, me dit-elle, me défend de vous recevoir : je ne veux point obéir à cet ordre tyrannique. J’ai suivi cet