Page:Constant - Adolphe.djvu/114

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n’essaya pas même de le retarder ; mais elle me fit promettre que, deux mois après, je reviendrais près d’elle, ou que je lui permettrais de me rejoindre : je le lui jurai solennellement. Quel engagement n’aurais-je pas pris dans un moment où je la voyais lutter contre elle-même et contenir sa douleur ? Elle aurait pu exiger de moi de ne pas la quitter ; je savais au fond de mon âme que ses larmes n’auraient pas été désobéies. J’étais reconnaissant de ce qu’elle n’exerçait pas sa puissance ; il me semblait que je l’en aimais mieux. Moi-même, d’ailleurs, je ne me séparais pas sans un vif regret d’un être qui m’était si uniquement dévoué. Il y a dans les liaisons qui se prolongent quelque chose de si profond ! Elles deviennent à notre insu une partie si intime de notre existence ! Nous formons de loin, avec calme, la résolution de les rompre ; nous croyons attendre avec impatience l’époque de l’exécuter : mais quand ce moment arrive, il nous remplit de terreur ; et telle est