Page:Constant - Adolphe.djvu/122

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voyages, et qui connaissait mes liaisons avec Ellénore. Je le chargeai de découvrir à l’instant même, s’il était possible, quelles étaient les mesures dont mon père m’avait parlé. Il revint au bout de deux heures. Le secrétaire de mon père lui avait confié, sous le sceau du secret, qu’Ellénore devait recevoir, le lendemain, l’ordre de partir. Ellénore chassée ! m’écriai-je, chassée avec opprobre ! elle qui n’est venue ici que pour moi, elle dont j’ai déchiré le cœur, elle dont j’ai sans pitié vu couler les larmes ! Où donc reposerait-elle sa tête, l’infortunée, errante et seule dans un monde dont je lui ai ravi l’estime ? À qui dirait-elle sa douleur ? Ma résolution fut bientôt prise. Je gagnai l’homme qui me servait ; je lui prodiguai l’or et les promesses. Je commandai une chaise de poste pour six heures du matin à la porte de la ville. Je formais mille projets pour mon éternelle réunion avec Ellénore : je l’aimais plus que je ne l’avais jamais aimée ; tout mon cœur était revenu à