Page:Constant - Adolphe.djvu/142

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J’étouffai les réflexions que ce style faisait naître en moi. La terre que j’habitais avec Ellénore était située à peu de distance de Varsovie ; je me rendis dans cette ville, chez le baron de T***. Il me reçut avec amitié, me demanda les causes de mon séjour en Pologne, me questionna sur mes projets ; je ne savais trop que lui répondre. Après quelques minutes d’une conversation embarrassée : Je vais, me dit-il, vous parler avec franchise. Je connais les motifs qui vous ont amené dans ce pays, votre père me les a mandés ; je vous dirai même que je les comprends : il n’y a pas d’homme qui ne se soit, une fois dans sa vie, trouvé tiraillé par le désir de rompre une liaison inconvenable et la crainte d’affliger une femme qu’il avait aimée. L’inexpérience de la jeunesse fait que l’on s’exagère beaucoup les difficultés d’une position pareille ; on se plaît à croire que la vérité de toutes ces démonstrations de douleur, qui remplacent, dans un sexe faible et emporté, tous les moyens de la