Page:Constant - Adolphe.djvu/151

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carterais toute affliction, toute peine, de celle à qui je pourrais hautement me vouer sans remords et sans réserve ! Combien alors on me verrait différent de ce que je suis ! comme cette amertume dont on me fait un crime, parce que la source en est inconnue, fuirait rapidement loin de moi ! combien je serais reconnaissant pour le ciel et bienveillant pour les hommes !

Je parlais ainsi ; mes yeux se mouillaient de larmes ; mille souvenirs rentraient comme par torrents dans mon âme ; mes relations avec Ellénore m’avaient rendu tous ces souvenirs odieux. Tout ce qui me rappelait mon enfance, les lieux où s’étaient écoulées mes premières années, les compagnons de mes premiers jeux, les vieux parents qui m’avaient prodigué les premières marques d’intérêt, me blessait et me faisait mal ; j’étais réduit à repousser, comme des pensées coupables, les images les plus attrayantes et les vœux les plus naturels. La compagne que mon imagination m’avait