Page:Constant - Adolphe.djvu/178

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fecté de cette phrase ; je gardai le silence, mais je me reprochais intérieurement de ne pas défendre Ellénore, qui, si l’on m’eût attaqué en sa présence, m’aurait si vivement défendu.

L’assemblée était nombreuse ; on m’examinait avec attention. J’entendais répéter tout bas, autour de moi, le nom de mon père, celui d’Ellénore, celui du comte de P***. On se taisait à mon approche ; on recommençait quand je m’éloignais. Il m’était démontré que l’on se racontait mon histoire, et chacun, sans doute, la racontait à sa manière ; ma situation était insupportable ; mon front était couvert d’une sueur froide. Tour à tour je rougissais et je pâlissais.

Le baron s’aperçut de mon embarras. Il vint à moi, redoubla d’attentions et de prévenances, chercha toutes les occasions de me donner des éloges, et l’ascendant de sa considération força bientôt les autres à me témoigner les mêmes égards.