Page:Constant - Adolphe.djvu/187

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elle, était restée dans sa chambre à son insu ; vers le milieu de la nuit, cette femme l’avait vue saisie d’un tremblement qui ébranlait le lit sur lequel elle était couchée : elle avait voulu m’appeler ; Ellénore s’y était opposée avec une espèce de terreur tellement violente, qu’on n’avait osé lui désobéir. On avait envoyé chercher un médecin ; Ellénore avait refusé, refusait encore de lui répondre ; elle avait passé la nuit, prononçant des mots entrecoupés qu’on n’avait pu comprendre, et appuyant souvent son mouchoir sur sa bouche, comme pour s’empêcher de parler.

Tandis qu’on me donnait ces détails, une autre femme, qui était restée près d’Ellénore, accourut tout effrayée. Ellénore paraissait avoir perdu l’usage de ses sens. Elle ne distinguait rien de ce qui l’entourait. Elle poussait quelquefois des cris, elle répétait mon nom ; puis, épouvantée, elle faisait signe de la main, comme pour que l’on éloignât d’elle quelque objet qui lui était odieux.