Page:Constant - Adolphe.djvu/201

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de voix : elle laissa tomber, comme résignée, sa tête sur le bras qui l’appuyait ; sa respiration devint plus lente : quelques instants après elle n’était plus.

Je demeurai longtemps immobile près d’Ellénore sans vie. La conviction de sa mort n’avait pas encore pénétré dans mon âme ; mes yeux contemplaient avec un étonnement stupide ce corps inanimé. Une de ses femmes étant entrée, répandit dans la maison la sinistre nouvelle. Le bruit qui se fit autour de moi me tira de la léthargie où j’étais plongé ; je me levai : ce fut alors que j’éprouvai la douleur déchirante et toute l’horreur de l’adieu sans retour. Tant de mouvement, cette activité de la vie vulgaire, tant de soins et d’agitations qui ne la regardaient plus, dissipèrent cette illusion que je prolongeais, cette illusion par laquelle je croyais encore exister avec Ellénore. Je sentis le dernier lien se rompre, et l’affreuse réalité se placer à jamais entre elle et moi. Combien elle me pesait, cette liberté que j’avais