Page:Constant - Adolphe.djvu/96

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vez des prétextes pour rester. Demandez à votre père de vous laisser prolonger votre séjour encore six mois. Six mois, est-ce donc si long ? Je voulus combattre sa résolution ; mais elle pleurait si amèrement, et elle était si tremblante, ses traits portaient l’empreinte d’une souffrance si déchirante que je ne pus continuer. Je me jetai à ses pieds, je la serrai dans mes bras, je l’assurai de mon amour, et je sortis pour aller écrire à mon père. J’écrivis en effet avec le mouvement que la douleur d’Ellénore m’avait inspiré. J’alléguai mille causes de retard ; je fis ressortir l’utilité de continuer à D*** quelques cours que je n’avais pu suivre à Gottingue ; et lorsque j’envoyai ma lettre à la poste, c’était avec ardeur que je désirais obtenir le consentement que je demandais.

Je retournai le soir chez Ellénore. Elle était assise sur un sofa ; le comte de P*** était près de la cheminée, et assez loin d’elle ; les deux enfants étaient au fond de la chambre,