Page:Constant - La Druidesse.djvu/39

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Bien que les voiles soient profondément funèbres ;
Soudain la fait luire, éclaire les ténèbres,
Vient avec révérence aux objets précieux
Que la prêtresse y tient pour les rites pieux,
Et jette à ces trésors, à tout le sanctuaire,
Le regard de la fille enfin près de sa mère,
Du marin balotté touchant enfin le port.
L’émotion la gagne et dans un saint transport :

O Gavr-Ynys, dit-elle, à toi, salut ! mon île !
Salut, tombe tranquille,
Salut, auguste asile,
Qu’habite près de moi Pâme qui tant m’aima !
Salut, trois fois salut ! ô ma mère, Camma !
Hu le divin, mon noble père,
Barde puissant à la voix chère,
Écoute ma vive prière !
Que ton âme soit mienne et mienne aussi ta voix !
Tendres ombres, parlez, puisque je ne vous vois.
Parle, parle, ma druidesse ;
Parle à ta Sène qui t’en presse,
Qui toujours croit à ta tendresse,
Et dont le triste cœur, sevré des doux espoirs,
Succombe en ce moment aux pensers les plus noirs.
O Gauloise vaillante,
Ta fille défaillante,
D’une voix suppliante,
T’implore avec des pleurs : glisse, glisse en mon sein
Le courage que veut la grandeur du dessein !

Bélisana, vierge de Sène,
Au dieu terrible de la haine ;
A l’Éternel, dont le doigt mène