Page:Constant - La Druidesse.djvu/48

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Que ta sœur roule au ciel ? Ou bien déjà sens-tu
De quelque sombre dieu la secrète vertu ?
Dis, ô Bélisana, dans ta lourde poitrine
Allume-t-il le feu de l’esprit de ruine ?
Rêves-tu sacrifice ; apprêtes-tu ta main ?
Fais-tu couler le sang et mourir un humain ?
Ou bien, de l’avenir, cette nuit, cet orage,
Pour la Gaule et ton cœur te semblent ils l’image ?
Pressens-tu la défaite et l’ombre de la mort ?
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Soudain, telle qu’un cygne endormi sur le bord,
Que le flot et le vent, et la pâle lumière
Réveillent en sursaut sur son humide pierre,
Qui relève son front et le promène autour ;
Écoute si des bruits sortent du demi-jour ;
De son flexible cou roule les vives ondes ;
Et gonflant sa poitrine, aux retraites profondes
Jette, comme un appel, son chant harmonieux,
La Sène lance un cri, le cri mystérieux :
« Au gui, l’an neuf ! » L’écho domine la tempête ;
Et les trois coups d’usage à peine sur la crête
Ont retenti dans l’air, que de tous les côtés
Le même cri répond, les coups sont répétés.
Aussitôt, du dolmen une torche allumée
Surgit, s’abat, se tord, chevelure enflammée,
Monte sur la tombelle et tourbillonne au vent.
La Sène la reçoit du fidèle servant,
Trois fois baisse et relève au-dessus de sa tête
Le flambeau tourmenté qui serpente et s’arrête :
C’est le signal. Partout flambeaux après flambeaux
Illuminent rochers, arbres, rivage et flots !
La fée a-t-elle donc, par d’occultes instances,
De la terre et de l’onde évoqué les puissances ?